Test par Mario (2009)

Avouons-le carrément : depuis la sortie de la SNES en 1991, Super Mario World n’avait pas trouvé de réel successeur pour le titre de meilleur jeu de plate-forme de la console, les hits principaux se situant plutôt dans d’autres genres, comme l’aventure avec Zelda III ou les courses avec F-Zero ou Super Mario Kart. Alors que Secret of Mana pointe le bout de son nez pour s’imposer comme LE jeu du moment, Rareware propose ce qui restera comme l’un des jeux de plates-formes les plus révolutionnaires de l’histoire, assorti d’une surprise de taille puisqu’il nous permet d’assister au retour en force d’un des pionniers du jeu vidéo, le célèbre gorille Donkey Kong. Les moyens mis en œuvre sont colossaux, la publicité énorme, bref on doit s’attendre à une véritable bombe. Et le tapage monumental occasionné par la sortie de Donkey Kong Country s’avère amplement mérité.

Il est vrai qu’en cette année 1994, le nom de Rareware n’évoque pas forcément grand-chose au public du jeu vidéo. Ainsi, le fait que ce développeur ait récupéré la licence d’utilisation du vieux gorille inutilisé depuis des lustres (aucune vraie aventure depuis les jeux d’arcade du début des années 80) peut laisser sceptique. Néanmoins, dès l’introduction, ce soft nous révèle l’immensité de son potentiel. La scène d’intro, bien délirante, marque la transition entre le monde du vieux jeu d’arcade et le « nouveau » Donkey Kong, carrément modélisé en trois dimensions ! Cette petite scène nous permet également de nous plonger dans l’ambiance très sympathique du jeu.

 

Pour ce qui est de l’intrigue, elle a le mérite de nous changer de la traditionnelle princesse enlevée par un tyran ou du héros qui doit sauver le monde des griffes d’un sorcier aux pouvoirs maléfiques. Sur la paisible île où vit toute la famille Kong, l’énorme stock de bananes du roi de la jungle, Donkey Kong, a été dérobé pendant son sommeil par la tribu des Kremlings, des reptiles sans foi ni loi avides de pouvoir. Aidé de son fils Diddy, le gorille à cravate doit partir à la recherche de ses précieuses bananes, tout en ayant en tête l’intention de faire la peau à ces chiens galeux de Kremlings (qui n’auraient que ce qu’ils méritent, après tout, en plus ils ne sont pas beaux du tout).

Dans sa conception, le jeu rappelle Super Mario World: il se divise en six mondes reliés les uns aux autres sur une carte générale, et contenant chacun plusieurs niveaux en relation avec l’environnement du monde dont ils font partie (jungle, mines, montagne, forêt…). Bien sûr, le jeu commence par la jungle où résident les Kong, ce qui vous permet de vous familiariser avec toute la tribu ainsi que l’univers dans lequel elle évolue. « You know where you are? You’re in the jungle, baby !! ». Ce jeu, qui s’intitule Super Donkey Kong au pays du Soleil Levant, est d’une variété à couper le souffle. La diversité des mouvements des deux personnages, réalisées en véritable 3D, est absolument stupéfiante. Car si les gestes restent relativement basiques (courir, sauter, s’accrocher aux lianes, soulever des objets et les lancer, nager…), ils nécessitent chacun une palette de mouvements réellement bien foutue pour un jeu 16-bits. Eh oui: l’animation des sprites se fait bel et bien en trois dimensions! Il faut aussi préciser que l’on a affaire à une cartouche de 32 mégas, ce qui est assez révolutionnaire sur SNES. Ce qui signifie que contrairement aux craintes que pouvaient laisser émerger une telle étendue de techniques, la quête n’en est pas rétrécie pour autant. DKC est réellement un jeu très dense.

Les personnages et les ennemis sont donc beaucoup plus charismatiques que dans les précédents jeux que l’on a pu voir. De plus, ils sont assez nombreux et tous très originaux. Par exemple, Cranky Kong, le doyen (qui n’est autre que le héros des jeux d’arcade des années 80), vous donne des conseils de temps en temps en se balançant sur son rocking-chair; Funky Kong, le grand pote de Donkey, vous propose des vols gratuits à bord de son tonneau volant pour aller de monde en monde…

 

Ah, les tonneaux ! Voici l’une des grandes innovations de DKC. Ils se substituent parfaitement aux blocs en tous genres de la saga des Mario (tout comme les bananes remplacent les pièces : cent bananes rapportent une vie supplémentaire). Simples projectiles, bornes de sauvegarde ou rampes de lancement vers des passages inaccessibles, il y en a pour tous les goûts. En plus, vous contrôlez à votre guise Donkey ou Diddy, sachant que l’autre suit toujours les mouvements de celui que vous contrôlez quand vos deux persos sont libres (un contact avec un ennemi les isole et vous devrez délivrer celui que vous avez perdu en route en ouvrant un des tonneaux estampillés DK que contient le niveau). Les nouveautés sont innombrables dans ce jeu, et c’est ce sentiment de fraîcheur qui nous le rend si agréable.

L’un des petits reproches que l’on peut faire à Donkey Kong Country est son nombre légèrement limité de niveaux. En effet, comme dans pas mal de jeux de plates-formes, si l’on choisit de faire un parcours linéaire sans s’intéresser aux divers bonus qui décorent le parcours, on arrive assez rapidement au bout, et ce en dépit de l’absence totale de raccourcis. De ce point de vue, il reste assez court, car il n’est pas d’une difficulté insurmontable (quoique certains niveaux nécessitent une excellente prise en main du jeu pour pouvoir être franchis).   Néanmoins, ce qui fait la richesse de DKC, c’est cette sorte de seconde quête dissimulée derrière l’aventure traditionnelle. En effet, au fur et à mesure que vous progressez, le pourcentage affiché sur l’écran des sauvegardes augmente. Mais il ne suffit pas d’arriver à vous débarrasser du boss final pour parvenir à 100%. À côté du parcours classique se trouvent de très nombreuses salles secrètes, dont certaines sont quasiment introuvables ou presque, qui nécessitent d’être dénichées pour augmenter votre pourcentage total… et là, ce n’est plus une mince affaire du tout.

Au fait, j’ai parlé de 100%, mais saviez-vous que DKC réservait une petite surprise de ce côté-là ? Bon, je n’en dis pas plus. De toute façon, que vous y parveniez rapidement ou pas, l’incroyable beauté de ce jeu et la variété des environnements qui le constituent devraient suffire à vous y rendre totalement accro. Et je préfère ne pas m’étendre sur la bande son qu’il faut impérativement découvrir de toute urgence tant elle est soignée. Les thèmes sont extrêmement enivrants (ceux de la jungle et de la mine par exemple) quand ils ne sont pas dignes d’être repris par un orchestre symphonique tant la composition frôle la perfection pour du son cartouche… ahhh, les fonds sous-marins de DKC, je crois avoir très rarement entendu un thème plus magique que celui-ci…

 

Présentation : => elle est d’excellente facture, avec une scène d’intro en 3D des mieux rendues et une carte assez dynamique très bien réalisée.

Graphisme et design : => jusque-là, la SNES nous a rarement montré des décors aussi variés, travaillés et réalistes. Les effets de lumière et de brouillard dans les souterrains sont d’une qualité… rare. Chapeau bas !

Animation :   => de la pure 3D, d’une qualité irréprochable, rien à redire, c’est somptueux !

Musiques et bruitages : => une bande son ultra entraînante ! Les compositions contenues dans cette cartouche sont de très bonne qualité et contribuent à créer une superbe atmosphère. Mention très bien au thème aquatique, l’un des plus beaux que la SNES nous ait proposés. Les bruitages, présents en masse, sont eux aussi très bons, avec des effets particulièrement réussis dans les niveaux souterrains.

Durée de vie : => le jeu pêche un peu par un manque de niveaux (pas tout à fait quarante), il se rattrape grâce à une quête annexe très riche et difficile à compléter.

Jouabilité : => exemplaire. Que dire de plus ?

Intérêt : => Rare a eu l’excellente idée de nous faire redécouvrir un des personnages fondateurs du jeu vidéo en le remettant au goût du jour dans les meilleures conditions. Le projet était excellent et le résultat est très largement à la hauteur des ambitions du développeur britannique. Le retour de Donkey Kong dans le monde du jeu vidéo est fracassant. Ce jeu, en plus d’être un hit colossal, possède un potentiel monstrueux qui lui permet d’envoyer le pourtant mythique Super Mario World aux oubliettes. Et le meilleur est à venir…