Test rédigé par Higgins (2009), à partir de ses impressions et des interventions de Padovar et Yedo (entre autres) sur le forum de Génération-SNES.

En 1996, alors que la majorité des joueurs se passionne pour la bataille PlayStation / Saturn / N64, Rare conçoit un 3ème opus de Donkey Kong Country, la série de jeux de plates-formes qui cartonne et qui démontre que cette bonne vieille SNES peut encore rivaliser avec des consoles plus modernes. Donkey Kong Country 3 - Dixie Kong's Double Trouble, alias Super Donkey Kong 3 - Nazo no Krems Shima au Japon est un épisode qui divise les fans et s'est moins bien vendu que ses prédécesseurs (2 millions de cartouches pour DKC3 contre 9 millions pour DKC). Alors, ce 3ème DKC en trois ans serait il celui de trop ?

Dans Donkey Kong Country 3 on ne contrôle ni Diddy Kong ni Donkey Kong. Au contraire, les deux singes sont dans le rôle des otages à libérer (PFFF... décidément, les singes ne valent guère mieux que les princesses), puisqu’ils ont été enlevés par le cyborg KAOS alors qu’ils passaient leurs vacances dans le « krémisphère » nord. Cette fois, l'aventure sera donc menée par Dixie Kong accompagnée de son cousin Kiddy Kong, moins âgé mais plus costaud qu'elle.

 

Le déroulement du jeu reste fondamentalement proche de  celui de DKC2, avec des niveaux pleins d'idées parsemés de tonneaux bonus qui nécessitent d'accomplir le même genre d'épreuves divertissantes pour récupérer des pièces essentielles à la quête des 103%. DKC3 reste un pur jeu de plates-formes mais il s'est enrichi d'un aspect exploration / recherche qui contribue à le rendre encore plus vivant que ses prédécesseurs. En effet, la principale nouveauté de ce 3ème épisode est la carte sur laquelle on peut se balader librement grâce aux engins que nous construit Funky Kong quand on lui ramène les bons objets. On ne se contente donc plus d'enchaîner les niveaux : il faut désormais fouiller les différents environnements pour débusquer des cachettes secrètes et surtout discuter et rendre service aux ours loufoques peuplant ce monde.

Les niveaux de DKC3 sont truffés d'idées de gameplay plaisantes et distrayantes qui rendent la progression passionnante, sans pour autant casser la fluidité de l'action comme on peut le ressentir parfois dans DKC2. On peut citer les niveaux dans la grange avec les rats sur les roues qui bloquent les portes, celui de la course contre la montre avec la scie, avec les boulets de canon, avec la foudre, ceux avec les chutes d'eau ou avec les cordes mécaniques... Les animaux sont plus que jamais intégrés au gameplay, avec l'apparition géniale de l'éléphante, sans doute le meilleur partenaire animal de la série (elle peut aspirer l'eau, et sa peur des souris amène des situations intéressantes et amusantes).

Si les deux héros, Dixie et Kiddy, sont moins "charismatiques" (ça fait bizarre d'employer un tel adjectif pour des singes virtuels...) que leurs prédécesseurs ils sont en revanche bien plus complémentaires.  Dixie est légère et peu planer grâce à ses cheveux tandis que Kiddy est lourd et puissant. Cette différence de masse se fait notamment sentir quand l'un des personnages porte l'autre sur ses épaules et qu'il le projette.

 

En ce qui concerne le gameplay et la qualité technique, DKC3 suit la voie tracée par ses deux prédécesseurs en tentant d'aller plus loin. En revanche, pour l'ambiance il prend une toute autre direction. Après la "jungle en folie" de DKC, puis "l'île au trésor" de DKC2, nous sommes emmenés cette fois dans un univers faisant plutôt penser à une Amérique du Nord un peu bizarre qui préfigurerait Banjo-Kazooie (N64 - 1998). En quelque sorte, DKC3 est une sorte de Donkey Kong au pays des ours...

Dans DKC3 on ne retrouve donc ni l'ambiance tropicale de DKC avec ses rythmes enfiévrés, ni le côté "film de pirates" un peu ténébreux de DKC2. Le changement d'atmosphère opéré ici peut autant plaire que déplaire. Les paysages nordiques de DKC3 manquent parfois de "personnalité" et ont tendance à se répéter. Par ailleurs, il est vrai que voir des singes déambuler dans ce genre de milieu comme si de rien n'était engendre une sentiment d'étrangeté. Mais le monde de DKC3 a aussi des arguments en sa faveur avec notamment une bien meilleure cohérence de son environnement (on n'a plus l'impression de passer du coq à l'âne). La palette de couleurs très douce et les musiques dans un style parfois "jazzy" génèrent une espèce de sensation de bonheur tranquille, d'insouciance et de légèreté.

 

Présentation : => la scénette précédant l'écran titre est belle et typique de l'univers DKC. La carte interactive créé un lien naturel entre le côté plates-formes et le côté exploration. Les visites chez les Kongs et les ours sont d'autant plus sympathiques que DKC3 est localisé en français. En revanche, pour connaître le but de l'aventure il va falloir se référer à la notice...

Graphisme et design : => DKC3 nous en met plein la vue ! Le graphisme est extrêmement fin, et que ce soit les sprites, les 1ers plans, ou les arrières plans, tout est très soigné. Par exemple le lac est particulièrement impressionnant avec ses vaguelettes, ses effets de transparence, et les reflets des paysages environnants. Techniquement, c'est peut être le jeu le plus abouti sur SNES.

Animation : =>  très fluide et détaillée, dans un style cartoon. Les scrollings différentiels sont des modèles du genre. De même que les boss, qui malgré leur taille parfois imposante, bougent toujours impeccablement et parfois de manière fort comique.

Musiques et bruitages : => des airs souvent joyeux qui, s'ils ne sont pas forcément très marquants, parviennent à installer une ambiance bucolique étonnamment reposante. Les bruitages sont dignes d'un dessin animé.

Durée de vie : => avec sa quarantaine de niveaux, DKC3 un jeu de plates-formes très long. D'autant plus si l'on ambitionne de l'achever à 103 %. La difficulté est moyenne / difficile. En comparaison le challenge est plus relevé que dans DKC et moins ardu que dans DKC2.

Jouabilité : => la variété des possibilités offertes par l'utilisation de simplement deux boutons (Y et B) est incroyable ! Ne se contentant pas de permettre la course et le saut comme dans moult jeux de plates-formes, ces deux boutons permettent aux singes de courir, nager, rouler, planer, frapper le sol, porter des tonneaux puis les reposer doucement ou les fracasser contre le décors...

Intérêt : => Donkey Kong Country 3 a indubitablement moins de valeur historique que ses prédécesseurs car il ne constitue pas une "claque technique" surprenante comme avait pu l'être DKC, et il n'enrichit pas non plus considérablement la formule comme l'avait fait DKC2. Pourtant, cela n'implique pas obligatoirement qu'il soit mois bon et vous auriez bien tort de ne pas l'essayer. Le rythme des niveaux est très étudié avec un bon compromis entre la vitesse et l'instantanéité de DKC ainsi que la richesse et la difficulté de DKC2. Ce subtile rééquilibrage du gameplay entre arcade pure et jeu de plates-formes évolué en fait une sorte de "best of" de la série. En même temps, l'ajout d'une composante exploration / recherche et le changement d'ambiance font de lui un vrai jeu à part entière, et pas une simple suite. En cela, selon ce que vous en espérez, vous trouverez DKC3 réjouissant ou, au contraire, un peu décevant.