Test par ehouicemoi (2009)

Incantation est un jeu peu connu, sorti en 1996, alors que la console était sur le déclin. Il a été édité par la société Titus (qui ne trempe pas toujours dans les meilleurs coups : Oscar, Carmageddon 64...) mais également développé. C’est une création originale du studio, et si sa sortie tardive sur la console peut expliquer le peu de succès du jeu, elle n’est certainement pas la seule cause de cet anonymat…

Le Royaume de la magie est habituellement gardé sous l’œil vigilant d’un grand sorcier, veillant consciencieusement sur le grand livre de Sorcellerie. C’est cette lignée de grands sorciers qui, de père en fils, conserve la prospérité de ce royaume. Mais un jour Necroman, un méchant magicien bien sûr, enlève le sorcier protecteur et le fichu bouquin dans la foulée. Le royaume est alors devenu, je cite, « un monde de désolation peuplé d’êtres maléfiques et malveillants ». L’histoire est donc basique (on n’en demandait pas plus à l’époque), mais les développeurs ont eu la mauvaise idée de ne la mettre que dans la notice. Si vous n’avez que la cartouche, vous vous retrouverez donc directement au premier niveau sans savoir ce qui se passe, ou à attendre pendant un quart d’heure devant l’écran titre : non, ce n’est pas la peine, il ne se passera rien. Dommage… De plus, le monde ténébreux ainsi décrit dénote particulièrement avec le jeu : les êtres maléfiques dont il est question sont aussi dangereux que ceux des Schtroumpfs. En effet, la plupart des êtres qui vous veulent du mal sont des insectes ou animaux (même les boss !!! Mais j‘en reparlerai plus tard…), et là, on commence sérieusement à douter du grand pouvoir de Necroman. Il est donc surprenant que la cartouche n’intègre pas une séquence d’introduction, et l’histoire présente dans la notice n’est pas cohérente avec l’ambiance du jeu, plutôt kawaï que dark...

   

Mais bon, ce n’est pas le plus important ! Voyons voir ce que notre petit magicien, chargé de sauver le monde de la magie avec ses pouvoirs (bien que, vraisemblablement, un filet à papillons aurait suffit), a dans le ventre. Il y a en tout 12 niveaux dans le jeux que se partagent 7 mondes, c’est-à-dire 7 décors différents : forêt, montagne, catacombes, marais, falaise, et palais de Necroman. (Non, non ! Ne recomptez pas : il n’y en a bien que 6. Aaah, propagande quand tu nous tiens ! Ceux qui ont fait la notice ont vraiment dû être embauchés par intérim…). Pour progresser dans les niveaux, vous verrez, c’est pas sorcier (haha !). Vous devez trouver dans chacun des niveaux, en les traversant, 3 germes de blé. Ces 3 germes vous permettront de soudoyer un sous-fifre de Nécroman, qui ne vous laissera pas affronter le boss autrement.

 Pour cela, vous avez le bouton B pour sauter, le bouton A pour courir et le Y pour lancer des sorts, qui sont en fait comme des projectiles à lancer sur les ennemis. La boîte et la notice font état de 9 sorts différents… Vous en utiliserez principalement 3, vous en testerez 2 autres très furtivement (car ils sont peu pratiques et on ne les trouve qu’une seule fois dans le jeu), et les 4 derniers, je les cherche encore (j’ai pourtant terminé le jeu 2 fois). Je pense maintenant que les gens qui se sont occupés de la notice n’ont pas été payés, cela expliquerait beaucoup de choses. Vous voilà donc aguerris pour traverser ces 12 niveaux dont l’intérêt n’est clairement pas dans l’exploration des niveaux et la recherche des 3 germes de blés (qui sont quasiment sur votre chemin, à quelques exceptions près). Mais est-il réellement dans les séquences de plates-formes pour autant ? (suspense)

  

Il est légitime de se poser la question, car les niveaux sont excessivement simples, et Titus a fait l’erreur de ne mettre aucun écran d’options, donc pas moyen de changer la difficulté. Les séquences de plates-formes sont, la plupart du temps, peu mémorables : oui, on saute d’un endroit à un autre, avec quelques ennemis à tuer, mais voilà tout. Seuls deux ou trois passages vous donneront un peu de fil à retordre, mais pas longtemps : on est vraiment loin d’un Mario où il faut recommencer un bon nombre de fois le niveau pour le terminer.

Les boss sont encore une autre grosse déception de ce titre. En effet, ils sont extrêmement simples à battre : il suffit d’observer leurs mouvements et les objets qu’ils nous lancent, les éviter et leur tirer dessus dès que possible. Il est particulièrement facile de les éviter et de les tuer, ce qui donne une réelle impression d’inconsistance. De plus, vous combattez chaque boss deux fois (dans le niveau où vous le rencontrez pour la première fois, et le niveau suivant), parfois même trois. Mais attention, les développeurs ont évité le piège de la répétitivité en changeant la couleur du boss qui revient, c’est la grande classe ! Il est vrai que la seconde fois (voire la troisième !!), le boss lance un projectile supplémentaire, ou lance ses projectiles plus rapidement, mais cela relève de l’anecdote car ils ne sont pas pour autant plus difficiles à battre. Même le boss final, bien qu’il faille se creuser un peu les méninges (mais pas beaucoup non plus…) pour comprendre comment le tuer, est d’une facilité déconcertante…

   

Présentation :  => il n’y a aucune présentation, ni au début ni à la fin. L’écran titre s’affiche directement, avec seulement pour choix mono/stéréo (oui... ils auraient presque pu ne pas mettre d’écran titre) et la fin du jeu est un simple message en anglais de quelques lignes qui dit, en gros, « merci de nous avoir sauvés ». Il n’y a même pas de crédits avec la présentation du staff (en même temps, vu le jeu, je comprends qu’ils aient voulu garder l’anonymat…). La présentation est donc inexistante.

Graphisme et design : => Le point fort du jeu. Un style dessin animé très soigné, des couleurs vives et nuancées, et les 7 décors proposés (enfin les six, mais avec la salle du boss ça peut faire sept...) sont plaisants à parcourir.

Animation :   => Les mouvements du héros comme des ennemis sont fluides, relativement souples, et les animations du héros sont plutôt comiques (ex : quand il est sous l’eau par exemple, ou quand il meurt).

Musiques et bruitages : => Il n’y a que deux musiques (celle de l’écran titre et celle des niveaux), mais elles sont de qualité. La ligne mélodique à la basse installe une ambiance qui correspond bien au style du jeu. Les bruitages sont quelconques (vous noterez aussi que lorsque le héros est blessé, il pousse exactement le même petit cri que Simba petit dans le jeu Le Roi lion, chose assez surprenante…)

Durée de vie : => Le jeu est extrêmement simple, et aucune possibilité de changer le niveau de difficulté. Les douze niveaux se parcourent très rapidement (disons une bonne heure), et il n’y a pas vraiment de bonus, ou de salles secrètes.

Jouabilité : => Le personnage répond bien aux mouvements demandés. Cependant, la plupart des jeux de plates-formes font du bouton A le bouton d’action et le bouton Y celui pour courir. Ainsi, il est pratique de courir puis de sauter afin d’aller plus loin. Avec le bouton A pour courir et le B pour sauter, les sauts avec élan sont moins pratiques (question d'habitude).

Intérêt : => Incantation est un jeu qui manque de profondeur et de challenge ludique, ce qui est vraiment dommage car il aurait pu être un très bon titre. Le jeu est sorti en 1996 et cela se ressent dans la réalisation qui est soignée. Cependant les développeurs n’ont rien fait de ces qualités. On se laisse porter d’un niveau à un autre, on se balade, mais on ne joue pas vraiment : une fois le boss final vaincu, le jeu laisse une bonne impression d’inconsistance, malgré ses qualités graphiques indéniables.