Test par Higgins (2007)

Boite de Thunder Spirits, dans sa version japonaise.

Edité en 1990 sur Megadrive par Sega, Thunder Force III est un shoot them up mythique. Son développeur, Technosoft, connut son heure de gloire dans la première partie des années 90, notamment avec la fameuse série Thunder Force, mais aussi avec quelques bons jeux comme Elemental Master (Megadrive - 1990) ou Devil's Crush (PC-Engine - 1991). Chose inhabituelle : peu après que Thunder Force III soit sorti sur console, Technosoft en réalisa une version arcade, Thunder Force A.C (1990). Peu enclin à développer sur SNES mais motivé par le succès remporté par Thunder Force III, Technosoft décida d'adapter son chef d'oeuvre sur la toute nouvelle console de  Nintendo. Cette conversion baptisée Thunder Spirits fut éditée en 1991 par Toshiba EMI au Japon et Seika Corp aux Etats-Unis, mais ne parut jamais en Europe. A ce moment la SNES était encore en manque de grands shoots, aussi Thunder Spirits fut-il attendu comme le messie...

L'écran-titre, avec le Styx vu de face.  Le niveau végétal.

L'histoire : euh... comme il n'y a pas de séquence d'introduction, si vous tenez vraiment à la connaître vous devrez consulter le manuel... Sachez juste que dans Thunder Spirits, comme dans tout bon shoot them up, vous devrez sauver la galaxie grâce à vos talents de pilote de combat et au Styx, un vaisseau spatial à l'armement particulièrement destructeur. Comme on ne peut présenter Thunder Spirits sans évoquer le jeu dont il est l'adaptation, parlons d'abord de Thunder Force III.

A sa sortie en 1990 sur la MegaDrive de Sega, Thunder Force III met une véritable claque à la presse spécialisée et aux joueurs. D'abord par son animation : des scrollings différentiels qui changent de vitesse et de direction, des décors en mouvement pour piéger le joueur (ex : colonnes de lave, courants marins...) et pleins de détails animés (notamment dans la base spatiale), un effet de distorsion qui simule un environnement volcanique, des myriades de sprites, des boss gigantesques, une rapidité et une fluidité exemplaires... Tout cela concourt à créer une incroyable sensation de mouvement qui met véritablement le joueur sous pression. Ensuite par la variété et la qualité de son design : chaque niveau à son thème (ex : planète végétale, planète volcanique...) mais bénéficie également d'une grande diversité interne. En 1990 c'était encore quelque chose de relativement nouveau. Le graphisme a pris un coups de vieux mais reste agréable grâce au look très réussi des ennemis. Et enfin par sa bande-son : s'il y a quelque chose qui n'a pas vieilli, c'est bien elle. Les musiques sont inoubliables, à tel point qu'on en vient à se lancer dans une partie juste pour avoir le plaisir de les réécouter... Sa réalisation, un bon cran au-dessus de celle des plus beaux jeux de tirs déjà parus sur PC-Engine ou Megadrive, fait donc de Thunder Force III une véritable vitrine technologique pour la console de Sega qui démontre alors tout son potentiel.

Contrairement aux apparences, Thunder Force III est un shoot abordable qui conviendra même aux débutants. Après une phase d'adaptation où l'on se sent comme submergé par le mouvement on avance régulièrement car, à l'inverse de beaucoup de shoots, la direction des tirs et des ennemis est prédeterminée. Progresser est donc plus une affaire de mémorisation et d'anticipation que de réflexes. L'armement et la gestion des crédits facilitent également le jeu : lorsqu'on est bien équipé avec toutes les armes et les deux modules on fait alors un véritable massacre (souvent les ennemis ont même à peine le temps d'apparaître avant de se faire détruire !), si l'on se fait toucher alors on perd une vie ainsi que l'arme qu'on était en train d'utiliser et on redémarre du lieu de l'impact avec tout le reste de son équipement, et le jeu octroie beaucoup de vies supplémentaires via le score et les bonus. En outre, avec sa vitesse ajustable et ses cinq armes sélectionnables à tout moment, le Styx répond au doigt et à l'œil pour notre plus grand plaisir.

Hypnotisant et jouissif, Thunder Force III est un classique du genre. Tous les superlatifs sont de mise lorsqu'on parle de lui, et maintenant vous comprenez mieux pourquoi on a placé autant d'espoirs dans Thunder Spirits...

Le célèbre niveau volcanique.  Le boss du niveau sous-marin.

En fait, Thunder Spirits n'est pas la conversion directe de Thunder Force III mais plutôt celle de sa version arcade. C'est bien dommage car même si Thunder Force A.C a reçu un assez bon accueil, il faut bien reconnaître qu'il est moins complet et moins abouti.  En effet, si Thunder Force AC bénéficie de quelques sprites redessinés un peu plus finement, il apporte surtout des choses... en moins ! La bande-son est moins nerveuse, la palette de couleurs n'est plus toujours de très bon goût, les cinquième et sixième niveaux (planète rocailleuse et planète glaciaire) sont remplacés par deux niveaux aux décors et aux thèmes musicaux nettement moins réussis, certains niveaux sont parfois amputés de quelques passages, on ne peut plus choisir par quel niveau on veut commencer, il n'y a plus d'écran de présentation avant chaque niveau...

En plus de pâtir des lacunes de Thunder Force A.C, Thunder Spirits souffre d'une animation déficiente assez typique de la première génération de shoots parue sur SNES (ex : Gradius III, Super R-Type...). A certains moments l'animation est fluide et équivaut à celle de Thunder Force III, tandis qu'à d'autres elle est truffée de ralentissements et de clignotements qui gâchent tout. En plus de nuire au rendu visuel, ils altèrent grandement la jouabilité en rendant le Styx presque incontrôlable. Heureusement, cela ne se produit pas trop souvent. Les quelques crashs occasionnés par ce problème n'empêchent ni de s'amuser ni même de finir le jeu, mais sont tout de même frustrants.

Un niveau qui n'existait pas dans Thunder Force III.  Un autre nouveau niveau.

Présentation : =>  pas de séquence d'introduction, et un menu d'options "caché"... Par contre le générique de fin est agréable.

Graphisme et design : => un graphisme ni très fin ni très coloré dont l'aspect vieillot est compensé par son extrême variété et le design réussi des ennemis.

Animation :  => elle alterne le très bon avec le très mauvais (ralentissements et clignotements).

Musiques et bruitages :  => les "remixes" des airs de Thunder Force III sont relativement bons mais les nouveaux thèmes sont moins emballants. Les bruitages sont très bons et accompagnés de digits vocales grésillantes typiques du début des années 90.

Durée de vie :  => sept niveaux et quatre degrés de difficulté (Easy, Normal, Hard, et Maniac). Avec un peu de persévérance, tout joueur peut terminer Thunder Spirits en mode "Normal". La particularité du mode "Maniac" réside dans le fait que l'on perd tout notre armement à chaque fois que l'on perd une vie.

Jouabilité :  => très affectée par l'animation, elle oscille donc entre l'excellent et l'exécrable. Avant de commencer à jouer, il est préférable d'aller dans le menu d'options pour activer le tir rapide.

Intérêt :  => Thunder Spirits est plus un portage bâclé qu'une véritable conversion, mais reste un shoot them up plutôt agréable. Si l'on connaît déjà Thunder Force III sur MegaDrive, il vaut mieux s'abstenir de jouer à cette version SNES. Sinon, et à la condition de réussir à lui pardonner ses lacunes techniques, alors  on pourra apprécier sa bonne ambiance et la sensation parfois grisante de "toute puissance" fournie par son gameplay.

Le niveau du vaisseau géant.  La base ennemie.

Astuce : pressez simultanément L + Select + Start pour accéder au menu d'options.